Une petite patate

[À lire en écoutant Ain’t Got Not, I Got Life de Nina Simone]

Salut,

Vous faîtes des bilans, vous ?
Cette année, je ne sais pas si j’aimerais y arriver.. le fait est que je n’y arrive pas. Me poser, là, juste me poser, reprendre mon agenda ou mes carnets, mes photos, étaler, regarder, faire des liens et me réjouir, ou être triste. Impossible.
Je ne sens aucune rupture dans mon énergie ou ma dynamique, entre le 31/12 et le 01/01. Entre décembre et janvier. Entre 22 et 23. Ça file ça se poursuit. Je n’ai aucune envie de m’arrêter pour contempler. Je n’ai pas besoin d’une pause.
Ce n’est pas la fin d’un cycle.

En revanche, s’il y a quelque chose que j’ai envie de vous partager, c’est la patate. Celle qui fait bouger.
Celle qui meut, qui impulse, qui emmène. Celle qui nous sort de la torpeur ou de la sidération, celle qui nous maintient malgré les secousses, qui nous garde érigé·e au milieu de la tempête.
Je vous envoie la patate, de celles qui nous regardent constater le désastre, la merde partout, qui soufflent sur notre cœur pour le réanimer, qui nous prennent la main et nous chuchotent « allez, on se laisse pas abattre hein, on y va ». Go.

La patate qui, délicatement, transforme la paralysie en mouvement. Le fond du trou en espérance. L’impuissance en amitiés. On n’est pas seul·es. Et puis la patate se partage, sans diminuer de feu. Elle est un peu magique.
Je vous envoie la patate afin qu’elle vous soutienne, où que vous vous trouviez. Dans le flou, sous un orage, en plein milieu d’une hésitation, d’une bifurcation. À l’arrêt ou marchant à reculons, quelques pas en arrière qui n’en sont pas.
Je vous l’envoie pour qu’elle vous tienne compagnie.
Une petite patate qui sourit, patiente et douce, assise à vos côtés.

Alexe

PS : ça se dit encore ? avoir la patate, avoir la pêche, avoir la frite, tout ça ?