La marche

J’aurais pu classer ces pages dans un onglet « se ressourcer », dans le menu de ce site. Au même titre que prendre un bain, manger un carré de chocolat, rire avec des ami·es.
Ou bien dans un onglet « sport ». Avec l’escalade, la slackline, le monocycle et peut-être même le yoga.
Ou encore dans « contemplation ». Avec la méditation, la musique, la peinture…
J’aurais pu les ajouter à « se cocooner ». Ou même à « se rencontrer ».

Mais la marche est pour moi cette déroutante entité qui n’est ni un moyen de se ressourcer, ni un sport, ni une manière de prendre soin de soi ou de se découvrir, ni un art ou une méditation.
La marche, ce n’est rien de tout ça.
C’est tout à la fois.
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Marcher c’est avancer sur un chemin tout tracé ou au milieu de nulle part. Ne pas trop savoir qu’attendre, mais marcher quand même. Avec une sorte de foi, une confiance, quelque chose de posé à l’intérieur de soi qui fait simplement qu’on continue. Parce qu’il n’y a aucune raison d’arrêter.

Marcher c’est lever le nez et contempler ce qui nous entoure. Et tout à coup se fondre dans le décor, dans ce qui était quelques secondes plus tôt à l’extérieur de soi. C’est devenir une prairie, un champ de maïs, un écureuil ou un bouleau.

Marcher c’est ne pas tout garder pour soi. C’est doucement permettre à l’intensité de descendre jusqu’à nos pieds. Et la laisser sortir. Jusqu’à la terre. Marcher c’est transmuter.

Marcher c’est rentrer en dedans quand on s’y attend le moins. La lucidité nous tombe alors dessus, tout est vu clairement. La détente s’installe ; on peut à nouveau respirer.

Marcher m’a sauvé la vie.
Marcher, c’est la vie.


Ça valait bien son propre onglet…